Kamala Harris, désormais largement soutenue par son camp démocrate, s’est pleinement lancée dans la campagne lundi en attaquant frontalement Donald Trump, qu’elle promet de battre pour l’élection de novembre.
Comparant le candidat républicain de 78 ans à un “prédateur” et un “escroc”, l’actuelle vice-présidente américaine a lancé, dans ce qui était son premier discours de campagne: “nous allons gagner”.
Propulsée dans la course à la Maison Blanche avec le retrait de Joe Biden dimanche, Kamala Harris a reconnu lundi que la campagne avait fait l’effet de “montagnes russes”. “Je sais que (…) nous sommes tous remplis de tant de sentiments mitigés à ce sujet. J’adore Joe Biden”, a-t-elle lancé depuis le siège de la campagne à Wilmington (est).
Elle a aussi promis de placer le droit à l’avortement au coeur de sa stratégie électorale. “Nous allons nous battre pour le droit à disposer de son corps, en sachant très bien que si Trump en a l’occasion, il promulguera une interdiction de l’avortement dans chacun des Etats”, a-t-elle encore déclaré.
La vice-présidente va également rencontrer cette semaine le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ont annoncé ses services.
Avant son discours, c’est un Joe Biden avec une voix encore enrouée par le Covid-19 qui a pris la parole, au téléphone depuis sa maison de vacances – celle-là même depuis laquelle il a annoncé dimanche jeter l’éponge.
Il doit revenir mardi à la Maison Blanche, selon son agenda officiel, son médecin assurant qu’il ne présente quasiment plus de symptômes.
“C’est la meilleure”, a martelé le président, affirmant encore que sa décision de se retirer était la “bonne.”
Soutien des démocrates
Ce premier discours de campagne intervient après que la vice-présidente a engrangé les soutiens de démocrates les uns après les autres, solidifiant sa stature de candidate pour remplacer Joe Biden en novembre. Ce choix devra être formalisé lors de la convention démocrate mi-août à Chicago.
Soutien de taille obtenu par la première femme vice-présidente de l’histoire des Etats-Unis, celui de la ténor démocrate Nancy Pelosi, disant avoir “pleine confiance” en Kamala Harris.
La vice-présidente a reçu le soutien appuyé de plusieurs gouverneurs importants, dont certains considérés comme de potentiels rivaux, dont notamment Gretchen Whitmer (Michigan) et Gavin Newsom (Californie).
Les soutiens sont aussi venus d’une série d’élus démocrates, de l’aile modérée du parti à celle la plus à gauche, ainsi que du principal regroupement syndical américain, l’AFL-CIO.
Toutefois, certaines grandes figures démocrates, comme l’ancien président Barack Obama ou le chef des démocrates au Sénat Chuck Schumer, n’ont pas encore apporté un appui direct à celle qui est également la première vice-présidente noire.
Le retrait de Joe Biden a aussi rapporté gros aux démocrates, avec une collecte de fonds de 81 millions de dollars en 24 heures, un montant record venant de petits donateurs.
Bouleversement
En huit jours seulement, la course à la Maison Blanche a connu deux rebondissements historiques majeurs qui ont complètement rebattu les cartes d’une élection qui ne passionnait guère les Américains: d’abord la tentative d’assassinat de Donald Trump le 13 juillet, puis le coup de tonnerre dimanche du retrait de Joe Biden, contraint à céder sous la pression de son propre camp.
Joe Biden doit s’adresser au pays plus tard cette semaine.
Désormais le plus vieux candidat dans la course, à 78 ans, Donald Trump a continué d’ironiser sur les capacités mentales du président. “Joe Biden ne se souvient pas d’avoir abandonné la course hier !”, a-t-il raillé sur son réseau social.
Campagne Trump chamboulée
Car côté républicain, cette annonce chamboule la candidature de Donald Trump, obligé de revoir sa stratégie électorale, très focalisée sur l’état de forme du président.
Selon une moyenne de sondages réalisés avant le tournant de dimanche, Kamala Harris obtiendrait le 5 novembre un score légèrement meilleur que Joe Biden face à Donald Trump, mais resterait toutefois à la traîne du républicain de deux points de pourcentage (46% contre 48% pour lui).
L’équipe de campagne de Donald Trump a déjà préparé des publicités électorales attaquant Kamala Harris. Le sénateur J. D. Vance, choisi pour être le colistier du républicain, a dénoncé lundi un processus “antidémocratique” pour écarter Joe Biden et sélectionner Kamala Harris à sa place.
Profitant des déboires démocrates, Donald Trump continue par ailleurs d’arpenter le terrain électoral, capitalisant sur l’effet rassembleur de la convention de son parti qui l’a officiellement intronisé candidat le semaine dernière. Il tiendra un nouveau meeting de campagne mercredi en Caroline du Nord.
AFP
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