En Guinée, la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) a entamé mercredi, le procès très attendu de Dr Ibrahima Kourouma, ancien ministre de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation, accusé de détournement de fonds publics.
Dès l’ouverture des débats, Me Antoine Pépé Lamah, avocat de la partie civile, a demandé un report de l’audience, arguant qu’il fallait examiner en profondeur les documents du dossier. Cependant, le président de la Cour, Yacouba Conté, a rejeté cette requête.
Pour lui, il était primordial d’avancer dans le jugement après des mois de détention provisoire du prévenu.
Dans sa première déclaration, Dr Kourouma a rejeté catégoriquement les accusations. Ancien ministre entre 2011 et 2021, il a insisté sur son engagement pour la bonne gestion des finances publiques. Il a souligné que la responsabilité des dépenses administratives incombait aux services techniques de son ministère, affirmant n’avoir été impliqué ni dans leur gestion technique ni dans leur détournement.
Mais, le procès s’est focalisé sur des irrégularités financières supposées liées à l’organisation des examens nationaux durant le mandat de Dr Kourouma. Trois montants conséquents (232 milliards, 225 milliards et 154 milliards de GNF) figurent parmi les dépenses suspectes détaillées dans l’ordonnance de renvoi. Le rapport de l’Inspection d’État, sur lequel se basent les accusations, n’aurait pas fait l’objet d’une vérification indépendante selon le prévenu.
Cependant, Dr Kourouma a maintenu qu’il n’avait aucune responsabilité directe dans ces dépenses, tout en dénonçant le manque de diligence dans les investigations.
La question de la détention provisoire a occupé une place centrale dans l’audience. Les avocats de la défense ont plaidé pour une libération conditionnelle de leur client qui avait déjà purgé une détention prolongée. En réponse, le représentant de l’agent judiciaire de l’État a exigé le paiement préalable d’une caution exorbitante de 100 milliards GNF, un montant que Dr Kourouma a déclaré ne pas pouvoir réunir.
La CRIEF devra statuer prochainement sur cette question tout en poursuivant l’instruction des accusations portées contre Dr Ibrahima Kourouma. Ce procès s’annonce comme un test majeur pour la volonté des autorités guinéennes de renforcer la transparence et la reddition de comptes dans la gestion publique.
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