En Afrique, la question du renouvellement politique reste au cœur des débats. Et pourtant, l’attitude récente du président ivoirien Alassane Ouattara intrigue et suscite des réactions.
Rappelons qu’en novembre 2017, alors que le Zimbabwe traversait une crise politique majeure, Alassane Ouattara, en donneur de leçon, avait conseillé à Robert Mugabe, 93 ans à l’époque, de « quitter le pouvoir dans la dignité » après des décennies à la tête du pays.
Huit ans plus tard, ce 9 janvier 2025, lors de la traditionnelle présentation de ses vœux au corps diplomatique, le président ivoirien a réaffirmé qu’il avait, lui aussi, envisagé de céder le pouvoir à une nouvelle génération. Mais, il s’est félicité de ne pas l’avoir fait en 2020.
Et, pour les élections à venir, il entretient le suspense sur sa candidature, mais s’est trahi en affirmant être toujours « en pleine santé » et prêt à poursuivre son rôle, laissant entendre une possible continuité à la tête de l’État.
Cette déclaration contraste avec ses propos de 2017. Alors qu’il prônait le renouveau pour d’autres, Ouattara semble désormais s’inscrire dans une dynamique différente.
Pour nombre d’observateurs, cette position s’apparente à une incohérence : le chantre du renouvellement politique d’hier pourrait bien devenir le président en quête de prolongation aujourd’hui.
Depuis son accession au pouvoir en 2011, Ouattara a consolidé son influence en Côte d’Ivoire, se succédant à lui-même à la faveur d’une réforme constitutionnelle en 2020. Si ses partisans louent sa vision, ses détracteurs dénoncent une volonté de monopoliser le pouvoir.
Selon certains analystes, ce double discours risque d’éroder la crédibilité d’un leader souvent perçu comme un modèle en matière de gouvernance. D’autres y voient une stratégie politique, celle de rester en place le temps de garantir une transition sans heurts.
Seul l’avenir dira si Ouattara choisira la voie du renouveau qu’il avait lui-même recommandée à Robert Mugabe ou s’il prolongera son mandat, entrant ainsi dans le club des chefs d’État africains au pouvoir depuis des décennies.
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