Les signes de la normalisation complète de la coopération entre le Bénin et le Niger se multiplient chaque jour. Le dernier en date est l’arrivée au large de Cotonou du tanker libérien Aura M depuis le 16 août 2024, pour charger un million de barils de pétrole brut nigérien au port de Sèmè-Podji.
Cette reprise des opérations de chargement, qui illustre la main tendue du chef de l’État béninois, est une « lueur d’espoir » pour le réchauffement des relations entre Cotonou et Niamey, comme l’a souligné notre confrère du journal béninois La Fraternité.
Cet avis est partagé par les deux peuples, notamment par El Hadj Rabiou Garba, président du Syndicat des transporteurs et importateurs nouveaux associés du Bénin (Syntra-Inab), qui s’est réjoui au micro de RFI : « Nos attentes sont en train d’être comblées parce que nous avons souhaité la reprise des activités entre le Niger et le Bénin ».
Qu’en est-il du Niger concernant la réouverture de sa frontière ?
Le 6 août 2024, le Niger a accrédité le nouvel ambassadeur béninois. De son côté, Niamey a également promis de nommer son représentant au Bénin, lequel a autorisé le chargement de l’or noir nigérien depuis son port.
Cependant, la décision la plus attendue de la part de la junte dirigée par le général Tiani reste celle de la réouverture de la frontière, qui serait très bénéfique pour l’économie nigérienne. Il est temps pour le général Tiani de privilégier les considérations économiques plutôt que de se retrancher derrière un « souverainisme » au nom d’une prétendue « lutte panafricaine » dénuée de logique.
En effet, l’exploitation du pétrole rapporte à Niamey environ 26 milliards de FCFA, contre 800 millions au Bénin. Le Trésor public nigérien a donc besoin des revenus de l’or noir pour faire face aux charges socio-économiques.
De même, le blocus imposé par le Niger a lourdement pénalisé les transporteurs et les acteurs de l’import/export, comme l’a fait remarquer le président du Syndicat des transporteurs et importateurs nouveaux associés du Bénin, qui a exprimé son espoir : « Vivement, par la grâce de Dieu, que dans les prochaines heures – je ne dirais pas dans les prochains jours – les frontières entre le Bénin et le Niger s’ouvrent pour le bonheur des transporteurs, des importateurs, et des deux peuples.
Nous sommes même plus pressés que les États. Le transport est notre activité. Le commerce est l’activité des commerçants. Nous sommes impatients de voir ces frontières s’ouvrir. Le détour – pour aller du Bénin au Niger en passant par le Togo et le Burkina Faso – ne convient à aucun des deux pays. C’est pourquoi ceux qui mènent une activité commerciale sont vraiment pressés de voir les frontières rouvrir ».
Pour rappel, malgré l’allègement des sanctions de la CEDEAO, le Niger a obstinément maintenu la fermeture de sa frontière pour des raisons « souverainistes ». En réaction, le président Patrice Talon avait suspendu le chargement de pétrole brut nigérien à partir des installations du port de Sèmè-Podji, le 8 mai, avant de l’autoriser à nouveau.
Cependant, le Niger, dans un excès d’orgueil « souverainiste », avait bloqué l’exportation du brut. Aujourd’hui, on entrevoit le dénouement de cette crise diplomatique, et la prière de tous est de voir un aboutissement heureux.
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